lundi 9 novembre 2009

A Petra


Ma plus jeune fille regarde encore une fois Ariel, la Petite Sirène, fascinée par cette histoire extraordinaire. Ca me rappelle d'autres ondines aux destins tout aussi incroyables, même si moins romantiques.

En cette fin des années 70, les Jeux de Moscou approchent. Le survêt Adidas floqué DDR ne fait pas encore fureur chez les cintrés de la tendance et la planète sport se demande si un humain de troisième type n’est pas en train de naître de l’autre côté du mur. Inscrites aux compétitions féminines de natation, Petra Schneider, Andrea Pollack ou Barbara Krause semblent en effet comme prises d’un effet de mode. Ou comme sous la mode d’effets de prises …

On sent bien, en tout cas, qu’elles ne mangent pas comme nous, de l’autre côté du mur et au-delà. Une femme nouvelle voit le jour et franchement, c’est très impressionnant. Au début c’est une vision : les épaules carrées (cubiques ?), la démarche marquée par les airs militaires, le cou très franc. Le même effet qu’un mauvais casting dans un film ; Jean Reno en Amélie Poulain. Ensuite c’est une sensation : elles gagnent, voire elles explosent tout le monde telle Petra Schneider qui met dix mètres à Sharron Davies sa dauphine en finale à Moscou. « Enfin » ce sont des sons. C’est grave docteur ? La plus célèbre réplique est celle de cet entraîneur répondant aux questions de journalistes intrigués par la tonalité des voix des nageuses : « elles sont là pour nager, pas pour chanter ».

Dans une RDA alignée sur les préceptes propres aux pays de l’est, le sport est un outil de propagande. Pas de tergiversations philosophiques sur l’identité nationale, les sportifs en seront l’emblème, leurs résultats la preuve qu’elle existe, qu’elle est forte et flamboyante. Toute chose étant égale par ailleurs, le dopage devient juste un moyen, si ce n’est légal, du moins institutionnel. Et donc on ne discute pas. Anabolisants, testostérone, hormones de croissance, on déclenche une grossesse quelques semaines avant une compétition pour profiter du climat hormonal optimal et d'un meilleur transport d'oxygène (on nage puis IVG, enfin le V...), on fait gonfler les ventres ou on prend des « vaccins anti-fatigue », …

Qui saura jamais la réalité et la dimension de l’enfer vécu par ces jeunes filles et ces jeunes garçons pour qui l’horreur ne s’est pas arrêtée le 9 novembre 1989 avec la destruction d’un mur ? Même si, dès 1990, des révélations commencèrent à voir le jour, pour Petra et les autres il fait encore nuit aujourd'hui. Une nuit de malaises cardiaques, de malformations, de stérilités, ...

A propos de mur qui tombe, et maintenant que moultes ex-sportives (Petra Schneider en tête) et ex-entraîneurs de l’ex-RDA ont avoué la systématique étatique du dopage en ces années rouges mais noires, si l’on rayait tous les records des plaquettes et qu’on repartait de zéro ? Sans trop d’illusions mais, quand ils sont beaux, vraiment beaux, les symboles sont toujours nécessaires.

1 commentaire:

  1. Le problème étant que ces records ont tous finis par être depuis longtemps pulvérisés. Les nouvelles réglementations en terme de départs, virages, coulées et combinaisons peuvent-elles, à elles seules, expliquer les nouvelles performances ?

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