Si
vous avez pour habitude estivale d'aller vous faire dorer la couenne sur les
plages basco-landaises, vous n'aurez
pas manqué de remarquer qu'année après année, elles se drapent de planches colorées au milieu des serviettes tandis que les écoles
de surf proposent initiations et ridicule garanti pour les centaines de primates
accédant, faisant passer les fronts de mer pour des baignoires d'enfants à l'heure
de concours maousses de canards en plastique. Le trop est l'ennemi du bien, en
l'occurrence il devient celui du bain.
Mais
de temps en temps ça redevient sérieux. Et même s'il ne fait pas grand beau sur
les marques surfwear, ce n'est pas la grisaille qui gâchera le Quiksilver Pro
cette semaine à Seignosse. Car là, comme par enchantement, les cadors de la
board remplacent les hordes des abords et le spectacle, d'affligeant redevient
stupéfiant. Ne voyez là, SVP, aucun joint avec les substances qui créent
parfois des Herbonimbus géants au dessus des spectateurs du dit spectacle, je
parle bien de performances sportives.
Car
même si l'esprit du surf embrasse depuis toujours le désormais célèbre et
commercial « Sea, Sex and Sun », on ne surfe pas avec une telle régularité dans
la grâce en se tapant à l'année des mojitos au gingembre ou en gratouillant
frénétiquement des guitares à la manière d’une victime de crises d’urticaires
géantes. Comment ferait sinon Kelly Slater, la quarantaine provocante, pour
nous enchanter encore après 11 titres de champion du monde ? Sans compter,
entre deux concours officiels lui servant à mater la classe biberon et remplir
sa salle des trophées, sans compter donc sur sa capacité à dompter les monstres
marins aux quatre coins du monde ou encore, sur l’inacceptable magnétisme qu’il
dégage auprès de ma petite sirène. Oui, le surf a bien changé depuis les
sessions de nuit californiennes où l’acide servait de carburant et le LSD de
lampe torche.
Il
est pro, désormais, jusqu’au bout de la wax. Et l’un de ses meilleurs
représentants est Joël Parkinson, champion du monde en titre. Malade de son
application mobile qui lui aurait permis d’être sacré sans trembler, il ne jure
plus que par elle, ses calculs, ses algorithmes, ses optimisations
télémétriques. Oui, il est bien loin le temps où l’on se disait qu’après une
bonne caisse de bières, le swell serait well et la mer plus douce. Dorénavant
il faut classer, organiser, vérifier, planifier, … Exceler pour exceller. Et
vendre pour rester dans les courses, connotant sans retour possible la saga du
Surfeur d’argent.
Mais
ne soyons pas tristes, la magie opère encore. Le surf a fait rêver des millions
d’hommes autour de la planète, créant une philosophie de vie en short, un idéal
d’épicurisme aux cheveux longs, ajoutant le feu à la jonction de l’eau et de la
terre. Oui, la magie s’accomplit toujours en les voyant, surfeurs de haut
niveau, insolents de facilité, suscitant les remous, caressant les émois,
complices avec notre mer à tous.
L’été
prochain c’est décidé, je n’aurai certes pas progressé en figures de style
illustres, mais si le soleil brille je mettrai mon amour dans un combi
Volkswagen et j’irai lui dénicher quelques lieux préservés des hordes de tous,
là où de rares privilégiés partent à l’eau une planche à la main pour en
revenir le sourire aux lèvres partager la preuve que la légende est bien
réelle, que l’Homme, un jour est arrivé sur la Terre en surfant, mais surtout,
qu’il n’a pas de limite.
Je suis persuadé que celui-ci est dans ta librairie !
RépondreSupprimerJoël de Rosnay - Surfer la vie
Comment sur-vivre dans la société fluide
http://www.surferlavie.com/
Même pas ! Mais merci (encore) de la reco !
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