vendredi 15 novembre 2013

All of fame


Alors qu’en ce week-end du 11 novembre, l’Histoire tricolore se manifestait Porte de Versailles par le lancement du Salon du Made In France, je me demandais si pour un rugbyman local cela pouvait constituer un crime de lèse majesté que d’avoir comme rêve ultime de porter le maillot noir des rois All Blacks.

Samedi 9 novembre 2013, la France défie la Nouvelle Zélande dans sa maison du SDF deux ans après la finale perdue à Auckland pour le titre de champion du monde. La Marseillaise chantée à pleins poumons, j’attends de vivre pour la énième fois le Haka, ce rite local devenu coutume internationale. Depuis 1905, les All Blacks ont rendu célèbre cette danse-chantée maorie interprétée traditionnellement à l'occasion de cérémonies, de fêtes de bienvenue, ou avant de partir au combat.

De guerre, on en parle beaucoup en cette soirée automnale, puisque l’on commémore les 18 000 soldats néo-zélandais, tombés sur le sol français durant le conflit de 14-18, et notamment les 13 membres de l’équipe nationale de l’époque dont le premier capitaine emblématique, Dave Gallaher. Le trophée qui porte aujourd’hui son nom et qui récompense le gagnant de chaque rencontre entre les bleus et les blacks, rappelle que des hommes du bout du monde ont donné leurs vies pour des hommes du bout de nos rues. Ce soir ce sera donc la version impressionnante du Haka qui sera livrée, le Kapa o Pango, réservée au choix du capitaine, car le moment est exceptionnel.

Alors que les traditionnels abrutis que les portiques de sécurité n’arrivent toujours pas à filtrer balancent comme des bœufs de leurs places bien planqués leurs sifflets déplacés, je comprends le choix de McCaw. Pour les néo-zélandais c’est l’occasion unique de célébrer leurs grands anciens, maoris ou non, tous ceux qui ont fait la fierté du «pays du long nuage blanc » et démontrer qu’ils sont une seule et même nation, qu'ils peuvent communier ensemble autour d’une histoire commune et souffler l’esprit de leurs aïeuls respectifs comme un seul homme, all blacks. A cet instant, le Salon du Made in France est bien loin de ces men in black et je défie quiconque est dans le stade, de ne pas rêver de danser à leurs côtés.

Je me demande ce que Basile, 4 ans, à côté de moi, saisit de tout cela. C’est son premier match de rugby et il ne le sait pas encore mais plus tard il comprendra que ce moment était rare. Pour l’heure, il s’ébahit de la ferveur du «chant des français » et de la fièvre de la «danse des tout noirs ». Lui, le fan de hand et de Mikkel Handsen, cherche le «gardien dans les buts » et se demande ce que les joueurs peuvent bien «manger dans leurs bouches », riant de toutes ses dents de lait à la beauté d’un plaquage ou d’un ballon volant. Petit à petit, il s’imprègne du caractère du jeu, il voit les «cabanes » quand on fait tomber la balle et se demande «pourquoi ils n’envoient pas le ballon devant pour aller plus vite »; il sent la richesse de ce jeu. J’espère qu’il en ressent aussi, ce soir, le trésor de l’Histoire qu’il porte, les valeurs qu’il transmet, le respect d’hommes qui s’affrontent pour se confronter, rendent des comptes pour se rencontrer et rappellent que le combat, aujourd’hui, n’est plus la guerre dans nos pays, qu’il ne fait plus pleurer les yeux des enfants et qu’au contraire, il peut les faire briller, tard dans la nuit, comme ceux de Basile.

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