Ca
n’aura échappé à personne, il fait froid. Je me souviens que, petits, nous en
profitions pour acheter des cigarettes en chocolat et, par la magie vaporeuse
de nos expirations, nous aspirions à passer pour des fumeurs de loin. Sans
doute une manière de nous prendre pour des hommes. Ca ne faisait pas marrer nos
entraîneurs qui préféraient, en ces successions de plages grelotesques, nous
coller des répétitions de plaquages marathonesques et nous rappeler que l’être
était bien plus important que le paraître.
Il
fait froid et, si l’on espère trouver samedi contre l’Afrique du Sud le bouton
du chauffage dans le vestiaire de l’équipe de France de rugby, l’air est
glaciaire pour les footballeurs français à l’heure même d’attraper la queue du
mickey brésilien et de gagner un tour gratuit vers les mini-shorts et les
dingos de futebol.
En
vente sur Le Bon Coin, mise à prix 1€, l’association Loi 2013 de défense de
Patrice Evra tire la bourre au Président tricolore dans les sondages et il
n’est pas sûr qu’ils perdent sur les résultats de novembre, surtout s’ils ne
gagnent pas ce mardi soir. Par ailleurs, s’ils comptent sur une faiblesse des
descendants de cosaques qui jouaient au foot au 17ème siècle, pieds
nus dans la neige avec la tête de leurs ennemis, ils risquent de finir cons et
gelés.
Ceci
dit, via tout ce qui compte comme media aux lames affûtées et à l'affût d’une
larme de fond, on les entend «surmotivés », «conscients de leur devoir »,
«quasi prêts à mourir sur le terrain »… on est passé à l’arme droite pour éviter
de passer l’arme à gauche et ça ferait presque du bien si l’on avait encore une
once de considération pour leurs considérations. Je retiendrais peut-être cette
remarque, poussée dans un souffle par Olivier Giroud «j’en ai assez de parler,
je voudrais que le match soit dans une heure et le faire ». Mais avant l’heure
c’est pas l’heure, ça m’inquiète quand même …
Durant
le match en Ukraine, les gros plans sur joueurs français dépités et joueurs
ukrainiens habités m’auront permis de remarquer que les joueurs tricolores ont
des tailles capillaires plus travaillées que leurs adversaires du soir. Mais le
bonheur n’est ni dans le spray ni dans l’apprêt, il sera seulement dans
l’après, celui qui mène à la plus belle des coupes, la brésilienne, du monde en
l’occurrence.
Alors
si l’être est bien plus important que le paraître qu’ils se fassent peut-être
des têtes d'Attila, mais surtout qu'ils démontent les ukrainiens un par un et
que l'herbe du Stade de France ne repousse plus. Sinon ils pourront toujours
fumer des clopes en chocolat pendant le long hiver qu’ils traverseront. Mais ça
n’en fera pas des hommes.