Berlusconi s’est fait entarter, et c’était moins sucré qu’avec Noël Godin. Cela m’a toutefois rappelé un gala de boxe où je me suis rendu la semaine dernière. Les combats étaient remarquables mais c’est Jean-Paul Belmondo qui m’aura marqué.
Un peu de façon imprévue je me retrouvais donc au Cirque d’hiver, entre Bastille et République, invité par Pascal, mon vieil ami toulonnais. En fait de toulonnais, j’y retrouvais aussi le grand Manu et le souvenir d’avoir assisté à mon dernier combat de boxe lors d’un quelconque meeting sur le port du Mourillon dans les années 80. A cette époque, on voyait plus souvent les boxeurs et leur entourage au stade Mayol, pour les grosses affiches type Stade Toulousain, Agen ou le costaud Narbonne d’alors, cher à mon autre ami Philippe. C’était pittoresque.
En fait, un public de boxe, c’est toujours pittoresque. Ceux qui pratiquent, ceux qui supportent, ceux qui s’encanaillent, ceux qui se montrent, ceux qui roulent des biceps, ceux qui ne reviendront pas, et tous les autres, en passant par celui qui montre sa dernière conquête.
Au milieu de tous, entre Michel Acariès et Gérard Darmon, juste avant le tout premier combat, Jean-Paul Belmondo est arrivé, belle gueule, sourire aux lèvres et chemise ouverte sur l’oxygène des gants de cuir. Comme un jeune homme. M'est alors revenu ce souvenir d'enfance lorsque, à ma mère qui me questionnait sur mon avenir professionnel je répondais : « je veux faire Jean-Paul Belmondo ». Vivre comme lui en grimpant partout, en balançant une grande tirade et des grandes poires, en ayant au bras musclé les plus belles femmes, en vivant à cent à l’heure et devenant le pote du monde entier. Il était là, sous mes yeux et je ne l'ai pas lâché. Durant deux heures, il n'aura rien raté, s’émerveillant du jeune Ahmed stylé, du petit taureau Rachid ou de Karl le surpuissant. Il semblait être là où il fallait qu'il soit, vivant, au plus près du combat. A quoi pensait-il ?
A la fin du meeting, nous l’avons vu sortir avec peine de l’enceinte, s’appuyant sur des cannes mais fier et heureux. Parfois, dans la vie comme dans un gala de boxe, certains tombent et d’autres restent debout, certains brillent et d’autres galèrent, quelques-uns sont beaux et doués tandis que beaucoup d’autres, sans génie, doivent garder courage. Peut-être pensait-il à cela et que jusqu’à ce qu’il tombe une dernière fois, sous le coup du sort, un grand boxeur reste toujours un grand boxeur s’il se bat jusqu’au bout.
Je n’ai pas « fait Jean-Paul Belmondo » mais j’aimerais, lorsque j’aurai son âge, avoir le même sourire que le sien, sur mes lèvres, à la sortie d’un gala de boxe.