lundi 7 octobre 2013

Le Classique et les modernes

Classico. A moins d’être sourd(e), aveugle et asocial(e) vous n’aurez pas manqué d’être touché(e) par la déferlante médiatique autour de la rencontre qui chaque année depuis que Canal existe dans le monde du ballon rond, met l’accent sur l’avant de la Seine du football français. OM/PSG s’inscrit désormais dans l’Histoire par la grâce du story-telling et dans l’actualité par l’innovation permanente de la chaîne à péage. Hier soir, les plans semblaient plus nombreux, le zoom plus précis, le CanalPad faisait son apparition et les interactions «social» volaient à tire d’ailes dans un temps irréel. Oui, le Classique est à chaque fois plus moderne.

La déferlante n’est pas que médiatique elle est donc aussi technologique. Plus d’écrans, plus de contenus, plus d’analyses, plus d’avis, plus de partages. Pour tout ceux qui ne sont pas au stade, le spectacle doit être aussi dans les salons.

Pourtant, à l’heure de l’entrée sur le terrain des deux équipes, mon iPad sur les genoux et mon iFred à la main, je me disais que j’aimerais tant être dans les tribunes et vibrer aux ondes de l’événement qui se déroulerait sous mes yeux. Finalement, la capacité de plus en plus imposante à donner la vue sur la partie m’offrait une excitation de plus en plus frustrante à me donner l'envie d’en faire partie. Est-ce pour cela que je choisis d'aller me réfugier avec ma belle footballeuse dans une salle où l'écran donne une réalité à la fiction plutôt que de rester devant celui qui ne donne qu'une fiction de la réalité? Quoi qu'il en soit c'est bien ce paradoxe qui me rappelle qu’en d’autres temps, un autre n’aura pas été résolu.

A la fin du XVIIème siècle naissait en effet une querelle qui secoua le monde littéraire et artistique français. Les Classiques soutenaient qu'en terme de création, rien ne pouvait dépasser l’absolue de l'Antiquité tandis que les Modernes avaient une croyance totale dans la capacité d'innovation des auteurs du siècle de Louis XIV. En fait, une espèce de combat de perruqués coupant les cheveux en quatre et se crêpant le chignon pour savoir si les garçons-coiffeurs du Roi Soleil allaient tirer la couette de l’idéal créatif sur eux. Mais évidemment personne n’a rien prouvé à personne et chacun resta sur ses certitudes.

Aujourd'hui la perruque n'est plus de mise sur les terrains de football, même si l'on ne compte plus les odes ostentatoires à Jacques Dessange, ou autres Tony & Guy sur les crânes publicit-hair des joueurs. Mais le débat existe encore de savoir si le Classique ne se vit pas dans un stade, comme depuis toujours, comme depuis l’Antiquité, plus que dans un salon, là où certes tout est à portée de main mais tellement loin de tout. Je ne sais pas vous mais moi, si j’avais le choix pour mon fils entre une place de match au Vélodrome, et un abonnement à Canal +, je prendrais le ticket vers l’émotion du live parce que si ce n’est là que l’avis se prend, c’est là que la vie s’apprend.

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