mardi 27 octobre 2009

Marathon de NY, taille XXS


J’avais dit 6h. Bon ce fut 7h. Non pas que j’ai feignassé ou que j’ai refusé le recul d’une heure en France. C’est juste qu’en me levant vers 6h, j’ai buté sur mon livre de chevet du moment : « Le Club des incorrigibles optimistes » de Jean-Michel Guenassia. Une première somme recommandée par mon ami Jean-Marie Milou de « Milou & Dufay, Culture et Communication ». La grande classe. J’ai buté dessus et j’ai décidé alors d’en continuer quelque pages, réfugié dans la salle de bain de notre petit appart de location new-yorkais. Malgré l’attraction du bouquin, l’appel de la forêt était là et donc, une petite heure plus tard (quand même !), j’enfilais la tenue avec casquette des Knicks - a french touch – pour filer au Park.

J’avais calculé : un petit km pour y aller, deux bons kms là-bas et un dernier pour rentrer. Ca me faisait comme qui dirait un « mini-marathon de New-York ». A défaut du vrai, j’étais assez content de m’être fixé un objectif aussi bien défini. Du moins d’un point de vue marketing personnel.

Dans la première partie de la « course », technique et bitumeuse, je n’ai pas rencontré beaucoup de concurrents. Sans doute ne se sentaient-ils pas de taille ou alors je m’étais trompé de rues. Le fait est que j’arrivais bon premier à l’entrée de la 86ème est. Quelques mètres encore et j’accédais à mon Graal : le Réservoir Jackie Kennedy Onassis. Celui autour duquel Dustin Hoffman tournait pour optimiser ses performances de Marathon man. La deuxième partie de mon défi débutait et le cauchemar aussi. J’ai dû me faire doubler 8 ou 9 fois, dont deux par la même jeune femme. Je la soupçonne de s’être arrêtée, de m’avoir laissé repasser et d’avoir pris un malin plaisir à me re-ridiculiser. Mais je me vante sans doute. Des filles, des garçons, tous normaux, je veux dire pas des « marathon men » ou « women » justement. Des gens qui semblaient juste venus pour prendre un grand bol d’air avant un bon bol de café. Pas plus. Et moi je ramais autour du lac. J’ai toutefois fais mon tour, mes deux kms et quelques et je rejoignais la sortie pour la 86ème quand soudain, je pris un second coup sur la tête. En fait, les vrais joggeurs, ceux qui bombardent de la foulée, ils tournent sur une autre piste, en contre-bas. Et ceux-là, c’est du sérieux. Mes « doubleurs » ne sont pas invités. C’est en pensant à ça que le transitif me revint à l’esprit. S’ils n’étaient pas au niveau des « vrais », et moi pas au leur, où en étais-je par rapport aux « vrais » ?

C’est le « nul part » de ma réponse qui manqua me faire vaciller alors que je venais d’entamer la troisième et dernière partie de mon projet qui battait de l’aile mais que je tenais à finir, la tête à peu près haute (toute chose étant égale par ailleurs). Je due sans doute mon maintien à peu près décent au fait que mon attention fut attirée ailleurs. Il était maintenant 8h et sur la Vème avenue, des gamins d’à peine 10 ans hélaient des taxis pour les emmener à l’école. Moi, à leur âge, je pédalais comme Bernard Hinaut, heureux de rêver avant d’être enfermé. Derrière le mythe j’avais ma réalité, mes cheveux à moi dans le vent, mes ascensions gagnées avenue de la Poste, mes descentes vertigineuses rue des bouchers et mes sprints finaux sous la banderole du porche de l’école.

Encore aujourd’hui je me faisais le rêve d’un marathon. XXS, mais d’un marathon quand même. Non, ils ne gâcheraient pas mon dernier tronçon. Alors j’ai accéléré comme si j’allais rater la sonnerie de 8h et je suis arrivé, en sueur, le souffle court pour ce qu’il en restait. Ma femme commence à se faire su souci. Elle doit penser que je deviens vieux. Alors que moi, je sais que je suis en train de rester jeune.

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